Rose-Marie François

in Le Coin de Table, n°16
Jean-Luc MOREAU
La Maison de la Poésie, Société des Poètes Français, 16, rue Monsieur-le- Prince, Paris (Pantin), 2003


voir Réf. 63 sur le présent site www.

Rose-Marie François, Pieds nus dans l’herbe, Anthologie bilingue de poèmes lettons (L’arbre à paroles, Maison de la Poésie d’Amay, 50 Grand-Route - BP 12 B—4540 AMAY) Des trois pays Baltes, la Lettonie est sans aucun doute celui dont la littérature est la plus méconnue dans la partie francophone de cette Europe à laquelle elle entend plus que jamais appartenir. Peu diffusée, une petite Littérature lettone au XXème siècle, publiée à Riga en 1997, ne faisait qu’une place modeste à la poésie. Le présent choix est donc le bienvenu. Il s’agit bien d’une anthologie « de poèmes lettons » et non pas « de la poésie lettone » puisqu’on n’y trouve ni dainas ni textes des pères fondateurs — Rainis, Poruks, Skalbe… — dont la traductrice rappelle cependant l’importance dans sa préface. Les plus anciens poètes retenus — Caks, Virza, Strelerte — appartiennent à la génération des années 30 ; ils se souviennent de Baudelaire, de Hofmannsthal, de Blok. Après le drame des années 40, deux littératures se développent parallèlement : les écrivains emmenés tout jeunes ou nés en exil — Tauns, Ivaska, Salins, Gutmane, Kronbergs… — sont influencés par les modèles occidentaux, suédois et nord-américains notamment ; ceux restés ou nés au pays, sont formés à l’école soviétique, mais ne s’en laissent pas nécessairement conter : Vacietis, Ziedonis apportent un souffle nouveau ; Belsevica, Skujenieks, Briedis, sortis de l’Institut Gorki de Moscou, paient chèrement leur courage politique. Le beau titre choisi par Rose-Marie François nous rappelle qu’en Lettonie, après un hiver d’un demi-siècle, le printemps est revenu. Puisse enfin cette anthologie donner l’envie de découvrir une très belle langue qui, avec le lituanien, représente l’une des formes les plus archaïques de l’indo-européen. Jean-Luc MOREAU, in : « Le Coin de Table », 2007