Fiche n°31 Photo de La Cendre
La Cendre

Petites proses, ÉPUISÉ
Jacques Antoine, Bruxelles, 1985


Un recueil de petites proses évoquant la première enfance, 1940-1945.
Repris en bilingue picard-français sous le titre Lès Chènes La Cendre,
avec une vingtaine de photos d'époque, tirées des archives de mon père.
Voir réf. 513 de ce site



Chère Rose-Marie, Voilà. j'ai lu " La Cendre" et ai du mal à m'en détacher. Qu'écrirais-je, pensé-je, si, d'aventure, un commentaire m'était demandé ? Je dirais: beau français limpide, très beau texte, qui relate, tout lyrisme maîtrisé, le cheminement vers la solitude. Tu t'étonnes ? C'est pourtant ce je retiens ; d'un soliloque avec un bleuet, au deuil d'un jouet perdu, on devine, chez cette petite fille, le désir d'une présence moins écourtée de la reine-mère, d'une chaleur, toujours trop avare de gestes, et, enfin, la naissance d'une certitude : que cette détresse inguérissable fomentera, un jour lointain, des merveilles. Bref, si je devais commenter ce livre, je m'en prendrais à ces monuments de perfection que sont les femmes fortes, attentives à la misère humaine, dévouées, efficaces, debout dans les pires naufrages, et qui ignorent pourtant qu'un petit mousse est tombé à la mer. On ne lutte pas contre la perfection : on admire et on se tait, subjuguée. Il reste à converser secrètement avec les bleuets, les merles et les saules, que le ciel laisse aux enfants rêveurs. Bon ! j'interprète, j'abuse, je nomme la coupable de nos jeunes désespoirs. Pardonne-moi si j'ai tout faux, mais j'ai beau chercher ailleurs la source de ce chant désolé, ce ne peut être qu'ELLE. Et, finalement, qu'importe ! On dit que les cendres du Vésuve sont plus fertiles que le limon de nos champs. Bienvenues, donc, les cendres, si on leur doit une si belle moisson. Marcelle IMHAUSER



Rose-Marie François © 2024